Audit HAS : quelles sont les obligations sur le cahier de liaison ?

Benjamin Blazy
December 6, 2025

Dans les Services Autonomie, le cahier de liaison n’est plus un simple support de communication. Il constitue aujourd’hui une preuve structurante de la traçabilité, un indicateur majeur de qualité d’accompagnement et un outil indispensable pour réussir l’audit HAS. Lors de l’évaluation externe, les équipes d’audit s’appuient sur ce document pour vérifier la continuité du parcours, la cohérence des transmissions, la capacité à repérer les risques et la manière dont les professionnels assurent la sécurité et la bientraitance de la personne accompagnée. Pour les Services Autonomie, maîtriser ce que la HAS attend réellement du cahier de liaison est devenu incontournable.

Pourquoi la HAS s’intéresse autant au cahier de liaison ?

Le manuel d’évaluation HAS 2025 met fortement l’accent sur :
• la bientraitance,
• la prévention des risques,
• la fluidité des transmissions,
• la traçabilité des observations,
• la détection précoce des signaux faibles,
• l’adaptation continue de l’accompagnement,
• la coordination entre intervenants.

Dans un Service Autonomie, le cahier de liaison est l’outil qui permet de rendre visibles ces informations du quotidien, de les structurer et de les partager. Lors d’un audit, il reflète directement la maturité du service en matière de qualité, d’organisation et de sécurité.

Les obligations HAS qui concernent directement le cahier de liaison

La HAS n’impose pas un modèle de cahier de liaison, mais elle impose une série d’obligations de traçabilité. Ces exigences conditionnent le contenu qui doit s’y trouver pour démontrer la qualité et la maîtrise du parcours.

Tracer l’expression de la personne accompagnée

L’un des principes fondamentaux du référentiel est la prise en compte de l’expression de la personne : ses préférences, ses habitudes, son ressenti, son confort, ses difficultés du moment, son vécu de l’intervention.
Le cahier de liaison doit donc permettre de :
• consigner régulièrement les retours de la personne,
• documenter son ressenti ou les variations dans son niveau d’autonomie,
• retracer les ajustements opérés par les intervenants,
• rendre visibles les éléments qui influencent l’accompagnement.

Cette traçabilité démontre la capacité du service à personnaliser l’accompagnement et à réagir de manière adaptée.

Documenter les choix, le consentement ou les refus

Le manuel HAS rappelle que les professionnels doivent informer, rechercher l’adhésion, prendre en compte les refus et proposer des alternatives lorsque c’est pertinent.
Le cahier de liaison doit donc être en mesure de :
• consigner un refus ponctuel ou répété,
• documenter un choix exprimé,
• expliciter une adaptation effectuée suite au positionnement de la personne,
• retracer les décisions qui influencent la suite de l’accompagnement.

L’absence de trace écrite est interprétée comme un manque de maîtrise du parcours et peut entraîner une cotation défavorable.

Garantir la continuité et la fluidité des transmissions

Le critère 2.10.1 du manuel est explicite : les professionnels doivent partager les informations nécessaires à la continuité de l’accompagnement, et les structures doivent pouvoir en apporter la preuve.

Dans un Service Autonomie, cela signifie que le cahier de liaison doit contenir :
• les comptes rendus d’intervention,
• les évolutions de l’état général,
• les modifications du contexte de vie,
• les points d’attention pour les intervenants suivants,
• les consignes spécifiques liées à l’autonomie ou à la sécurité,
• les informations utiles à la coordination.

Un cahier irrégulier, lacunaire ou incohérent est considéré comme un risque de rupture dans l’accompagnement.

Bientraitance et prévention des risques : un enjeu clé du cahier de liaison

La HAS insiste sur la nécessité de garantir la bientraitance et de prévenir les risques.
Ces deux dimensions passent par une traçabilité fiable et continue, qui doit apparaître dans le cahier de liaison.

Le service doit y consigner :
• des éléments révélateurs de fragilité ou de dégradation,
• des variations inhabituelles du comportement ou de l’état général,
• des situations d’inconfort, d’isolement ou de mal-être,
• des difficultés rencontrées par la personne lors d’un acte du quotidien,
• des risques identifiés (nutrition, hydratation, chutes, isolement, confusion…).

Un cahier qui permet d’identifier ces éléments devient un outil essentiel de prévention, car il donne à l’équipe la capacité d’agir avant que la situation ne s’aggrave.

Les signaux faibles, alertes et informations de santé utiles

Les évaluateurs s’intéressent particulièrement à la manière dont le service repère, consigne et suit les signaux faibles.
Un signal faible peut être :
• une fatigue inhabituelle,
• un appétit en baisse,
• une confusion passagère,
• une modification du rythme de vie,
• une irritation cutanée,
• une difficulté motrice nouvelle,
• un changement de comportement.

Le cahier de liaison doit permettre de tracer ces éléments, car ils orientent les décisions, les réévaluations et les adaptations.
Il doit aussi refléter :
• les alertes transmises,
• les actions engagées,
• les informations remontées aux responsables ou aux partenaires de santé.

Cette capacité à transformer une observation en action démontre la qualité du suivi et la maîtrise des risques.

Documenter la personne de confiance

Le critère 1.2.3 impose que la personne accompagnée soit informée de la possibilité de désigner une personne de confiance, et que cette information soit tracée.
Le cahier de liaison ou le dossier associé doit donc comporter :
• la désignation éventuelle,
• les coordonnées,
• les mises à jour en cours de parcours,
• les interventions où la personne de confiance a été sollicitée.

Cette information structure la relation entre l’équipe professionnelle et l’entourage, et contribue directement à la sécurité du parcours.

Conclusion

Le cahier de liaison est aujourd’hui un élément majeur du dispositif qualité des Services Autonomie. Il doit rendre visibles la continuité du parcours, la coordination des intervenants, la personnalisation de l’accompagnement et la prévention des risques. Ce n’est pas un document administratif : c’est un instrument de bientraitance, de sécurité, d’anticipation et de cohérence professionnelle. Un cahier bien tenu devient une preuve solide lors de l’audit HAS. Il démontre que le service maîtrise ses transmissions, repère les signaux faibles, structure la traçabilité, protège la personne accompagnée et garantit un accompagnement de qualité.

Et si vos choix simplifiaient la vie des équipes et des familles?

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